Arachnima, une autre idée du vintage

Pour qui fréquente l’Atelier des Bouchers, à deux pas des quais, et si proche de la Cathédrale qu’on peut  distinguer la pomme dans la main de la statue du diable tentateur, il est parfois difficile de se souvenir que Strasbourg continue d’exister même au sud de la Krutenau ou à l’est de la gare.
La tournée Arachnima nous permet chaque année de vivre au rythme du Strasbourg qui ne se voit pas dans les cartes postales, et d’oublier les vélos rutilants du centre-ville pour entrer dans une autre idée du vintage, faite de freins usés et de dérailleurs tués à force de levés.
Arachnima installe, dans huit quartiers de la ville, des artistes, des sportifs, des sculpteurs sur bois, une forge, et surtout – dans les quatre quartiers de Koenigshoffen, Neuhof, Meinau et Hautepierre – les modules pédagogiques multicolores et les caisses à outils de Bretz’selle. Ici, il n’y a pas assez de place pour décrire un mois de roues dégonflées et d’enfants qui utilisent les clés à l’envers. Mais on peut au moins écrire une brève carte postale de chaque quartier.
Les enfants de KOENIGSHOFFEN, pendant l’Euro 2016, soutenaient tous l’Allemagne ou le Portugal. Sacha réussissait de temps en temps à surmonter le traumatisme, et arrivait quand même à leur apprendre la différence entre un frein et une pédale pendant que nos voisins de tente construisaient un totem en bois dont les morceaux nous tombaient sur la tête. On aurait pu se protéger les yeux en regardant vers le sol, mais une crotte de chien (chaque jour une différente) nous tenait toujours compagnie au beau milieu de l’atelier.
Au NEUHOF, Arachnima s’est installé sur une place en terre battue flanquée de trois bâtiments colossaux, survolée par deux planeurs qui volaient avec insistance au-dessus des immeubles. Un petit de six ans affirmait en avoir huit pour pouvoir participer à nos activités, pendant qu’un autre nous regardait de haut, une performance quand on ne fait pas plus d’un mètre ! Ça ne l’empêchait pas de sourire, heureux, à chaque fois qu’il dévissait un boulon.
La MEINAU nous a accueillis sur une place comme celles qu’on a en Italie, avec de grands arbres pour se protéger du soleil de juillet, et des familles prêtes à sortir se promener au coucher du soleil. On y a certes été surpris par des orages costauds, mais on a été encore plus surpris de découvrir que ceux qui avaient appris un peu de mécanique lors des tournées précédentes, avaient montré aux petits frères et sœurs comment changer une chambre à air.
En toute modestie, la réussite de l’Atelier Mobile  Bretz’selle à HAUTEPIERRE a été colossale. Entre les mères, pères, grands-parents et bandes de jeunes, c’est simple, on a vu cent personnes en une après-midi, qui sont venues pendant trois heures et demie nous demander « au moins » de monter une chaîne, tirer un câble, faire fonctionner au minimum le patin gauche d’un frein arrière. Je vous jure, il y avait même un enfant qui venait du New Jersey. Note pour l’année prochaine : à Hautepierre, deux bénévoles c’est bien, mais c’est cinq qu’il faudrait être !
 
Estimation des kilomètres parcours par l’équipe Bretz’selle pendant Arachnima : environ 560 km
6 petits monstres construits en pièces de vélo (la « vaca loca » aux yeux à sonnette surtout)
235 tables en bois transportées, ouvertes et fermées
133 réparations du module frein
8 jours (plus ou moins) de vigilance orange météo pas convaincante
1 orage énorme, pas prévu par les métrologistes qui décrètent la vigilance orange
2 chutes à vélo, sans conséquences visibles
5 jours d’alerte à la naissance, avec tous les bénévoles de Bretz’selle sur le pied de guerre pour remplacer Matteo
36 merguez avalées par la team Bretz’selle
57 600 photogrammes d’un cheval au grand galop visualisé sur le vélo-zootrope