Des mains, des mots, des mimes…

On se débrouille pour bricoler ensemble sans langue en commun… Joakim, bénévole à Bretz’Selle, témoigne de sa participation à un atelier dé vélonomie.

Les ateliers de Vélonomie, comme on les appelle, permettent de transmettre quelques bases de réparations cycles pour être autonome sur l’entretien de son vélo. Cette fois-ci, les Guest Stars étaient Akra, Yousso, Dawod, Ibrahim Hassan et Mohammed, des jeunes arrivés récemment en France pour demander l’asile.
Que les participants soient fraîchement issus de l’immigration n’a pas changé grand chose au déroulement d’un atelier à Bretz’selle: toujours le grand soleil, toujours des clavettes qui ne bougent plus, toujours de l’entraide prudente, toujours des découvertes révélatrices sur le fonctionnement d’un jeu de direction, toujours des idées reçues qui sautent, toujours du cambouis sur les fronts et toujours des vélos ressuscités. Ce qui change, ce sont les mots.
Parce que « extracteur de manivelle » ou « cuvette fixe de direction », ben ça dit pas grand chose à Mohammed, qui vient d’un désert du Soudan. Vous allez me dire, ça ne dit pas toujours grand chose non plus à Julia ou François qui viennent de Strasbourg. Mais là, on s’escrime à mimer une pince multiprise, à imiter une roue voilée, à jouer le bon sens de serrage, à parodier un freinage sans frein. Même, on s’égare parfois à monter le volume de notre voix, comme si nos mots étaient d’un coup plus compréhensibles. Tout ça pour dire qu’au final, il n’est pas si difficile que ça de se faire comprendre, puisqu’en fait tout est sous les yeux, dans les mains, et le cerveau entre les deux qui fait son bordel.
Il faut dire que l’organisation et le professionnalisme pédagogique de l’animateur étaient de la partie, pour un atelier aussi efficace que convivial!
Pour moi, bénévole, au delà de se faire comprendre, ce fut aussi l’occasion de comprendre un peu. C’était chouette de passer du temps avec ces p’tits mecs qui ont déjà tant vécu, qui sont si motivés, ouverts et prêts à s’entraider. Et puis les discussions avec les éducateurs, qui racontent un peu ces galères administratives qui conditionnent à peu près la totalité de la vie des demandeurs d’asile.
Les 8 jeunes repartent avec une adhésion à Bretz’selle, un vélo pour être plus autonome, une sensibilisation à la mécanique, de nouveaux contacts et les mains sales.
J.C.